Pour éviter les explications de texte, mieux vaut jeter des mots par ici.
Ça empire. D'heure en heure.
A la veille de notre anniversaire, nous nous tuons.

Il me laisse au fond du trou.
Tandis que je ferme le couvercle.

Il pose des questions auxquelles j'élude les réponses.
L'ultimatum est pour bientôt mais ne peux être prononcé au téléphone.
Je pleure beaucoup, pour ne plus avoir de larmes face à lui.
Pour être forte et ne pas bloquer la discussion.

Il dit "tu ne m'aimes plus ou quoi ?"

Je pense, ça va être à toi de jouer.

Je m'imagine une réponse qui frôle ma vérité.
J'aimerais que son retour soit total, complet.
Je ne sais pas comment le provoquer.
Tout en lui laissant croire que tout cela vient de lui.

On va commencer doucement.
Au début.

[ma vérité n'est pas la sienne. je peux toujours attendre.
je sais qu'il ne reviendra jamais
officiellement, directement, avec désir et assurance]

Je ne le crois plus quand il me dit des choses d'amour.
Je l'écoute, je l'entends, mais ça ne percute plus.
"ah ouais" "ah bon".
Il veut trop que je sois loin pour être sincère dans ses sentiments.
Il veut trop que je n'existe pas pour m'aimer.

Et dire qu'il ne réalise même pas qu'il me perd.

Cela fait un moment que je ne lui dis plus rien. Il ne sait pas me comprendre.
Je m'étais fait une raison.
Arrivera un moment, où je serais une étrangère qui joue un rôle trop bien appris.
Son costume à lui, commence à lui sied à merveille.

Je me demande si je lui manque.
Et s'il va cesser de me manquer, à moi.

Quelle est ma place dans ses pensées ?
La vérité me fait peur. Alors que pourtant,  je la connais déjà.
Puisqu'il a choisi. Puisqu'il a trop avancé pour observer le passé comme moi.

On était trop proches pour tout gâcher.

C'est blessant d'attendre une parole qui n'arrivera pas.
Une fois encore je réalise que je la vis sans doute seule, l'histoire.
Je reste le fantôme interdit.
Malgré, malgré, malgré. Rien ne change cela.
Il m'invite à rester loin. A repartir. A vivre ailleurs.
Pour conserver son mensonge intact, il me fait me sentir de trop. Quotidiennement.
Je faisais des plans pour mon déménagement.
J'ai tout rayé.
Et dans trois mois, il sera tellement trop tard, s'il savait !

Il m'assassine un peu trop pour que je l'aime éperdument.
Je vais mettre sur pause. Et poser mon regard sur l'autre rive.

La lâcheté est masculine. Je déteste les généralisations sexuées, n'empêche que.
Il me dit qu'il ne ment pas, qu'il omet. Je crois que c'est pire parce qu'il me prend pour une débile.

Je me faisais une joie de venir chez lui. Chez notre futur nous, que je croyais.
Finalement je passe ma journée à attendre qu'il rentre, tard, de chez sa femme.
Quotidiennement.
J'attends qu'il raccroche son téléphone où il parle, de sa femme.
Je suis un fantôme sans importance. Je n'existe pas.

Je ne reviendrai pas. Pas dans cette situation-là.
Où je ne suis pas.

Je n'ai aucun avis à donner. Dans ce chez lui. Et pas ce chez nous.

Il est le seul à avoir parlé de la séparation.
J'aurais dû compter les fois depuis le début.
Je n'aurais peut-être pas dû le rattraper. On ne vit pas une histoire d'amour tout seul.
Mais cela me paraît être une solution tellement exagérée...
Je lui crie mon amour et il n'entend pas.
Il préfère m'abandonner moi. C'est ça que je retiens.
La boucle dévastatrice continue, et je ne peux me confier à lui.

Cette fois c'est clair : il faut que j'arrête de lui parler de mes doutes et de mes troubles.

On est à l'opposé. Il dramatise des choses qui me paraissent pourtant comme quelconques.
Je suis dure et je dis des choses dures, sans trouver ça extrême.

De son côté, il envisage de me quitter, à cause de ça.

Il l'a choisi, elle. Alors qu'il la quitte.
Il préfère me blesser que de la contredire.
Il avoue ne pas pouvoir y changer quoi que ce soit.

Alors oui la situation est belle.
Ouh quelle est belle !
Ils restent mariés malgré les papiers qui affirment le contraire.
Physiquement comme mentalement.
Et avant même d'être parti, "on" lui "impose" de la revoir en famille.

Je n'ai pas de place.
Je n'existe pas.
Je ne suis que la connasse.

Je pensais que l'on avait les mêmes désirs. Je pensais qu'on voulait se construire un truc chouette à nous.
En fait, la situation actuelle ne lui pèse même pas.
Désillusion.